C'est lui.
Les brumes étriqués du matin se déchirent encore sur nos carcasses toutes justes réincarnées alors que, hagards, nous nous éveillons sur la place principale d'un campement qui va devenir notre ville.
Retirée dans un coin, je me fait discrète, comme toujours. J'observe à la dérobée mes compagnons d'infortunes. Nous nous observons tous dans la clarté de cette nouvelle vie. Tous de sales âmes condamner à errer et à souffrir. Dans cet éternel recommencement, tous me laissent indifférents.
Sauf lui.
D'autre se sont déjà levés. Aucune parole n'a été proférée, mais cela ne saurait tarder. Bientot il faudra s'activer.
Immobile, accroupie sur le sol, muette et résignée, je sais qu'on m'observe. Une fille, ça s'observe ici, avec des yeux que je n'aime pas. Je fais semblant de rien, je me concentre sur lui.
Je le connais, cet enfoiré.
Une sueur froide vient parcourir mon échine. Si lui m'a reconnu, je suis foutue.
Peu de chance, je ne suis rien ici. Rien d'autre que mes mains pour creuser le désert ou travailler aux chantiers. Peu de chance que mon visage lui dise quoique ce soit.
Il est l'un des premiers a s'être levé. Il est le premier à parler.
Je crois qu'il est plus attirant que les autres, moins usé. Charismatique.
Comme la dernière fois, ses paroles sont réconfortantes, il dit ce que les gens on envie d'entendre. Il donne les consignes, on l'écoute comme l'évangile.
Pourtant, je sais qu'il est le pasteur qui mène ses bêtes à l'abbatoire.
L'empoisonneur.
Il était là quand je suis morte, avec la moitié de la ville. Il nous regardait nous tordre de douleur, il riait.
Le produit corrosif dans nos réserves d'eau, nos organes se liquéfiants lentement, ça le faisait rire.
Je me fait plus invisible encore et me lève avec le flots d'âmes faibles qui peuple cette ville. Le travail n'attend pas, les zombis non plus.
Pourtant une petit flamme s'est rallumée quelque part, vraiment très loin en moi. Cette fois si, il ne m'aura pas.